(2011) Ticket_2298
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(2011) Ticket_2298

La Garde au SAMU SOCIAL de Paris a été l’une des gardes les plus formatrices depuis le début de mes études de médecine : une garde pourtant sans blouse, ni stéthoscope. Elle m’a permis de prendre conscience de ce qu’était la vie dans la rue et de découvrir les structures qui interviennent dans cette urgence sociale avec ses points forts et ses limites. Pour les sans abris, l’attente interminable au téléphone pour savoir s’il reste une place disponible en centre pour la nuit, et le fait qu’il faudra de toute façon recommencer le lendemain car les places sont attribués pour une seule nuit le plus souvent.. Dans les centres d’accueil se côtoient des gens en détresse sociale mais radicalement différents, nous avons emmené en camion à Montrouge ce soir là des « grands exclus » de la société (sans domiciles depuis de nombreuses années, certains invalides, d’autres alcoolisés).. mais aussi un homme d’une trentaine d’année demandeur d’asile, originaire de Guinée Conakri ayant fui son pays dans des conditions dramatiques, ou encore une jeune femme de 18 ans, ayant interrompu son traitement psychiatrique, en rupture complète avec sa famille.. On se dit alors que les champs d’action des équipes du Samu Social et des travailleurs sociaux sont restreints par un manque de moyen, de ressources tant financières qu’humaines pour prendre en charge le mieux possible ces personnes en difficulté. Enfin, et peut-être le plus marquant fut le dévouement des équipes qui maraudent la nuit, des personnes qui font l’accueil téléphonique du 115, autant que ceux qui accueillent les sans-abris dans les centres d’hébergement. Leur gentillesse, leur accueil et leur disponibilité, tant envers les externes qu’envers les personnes en difficulté m’ont beaucoup touché. C’était une nuit pour discuter avec eux de leur travail auprès des personnes de la société en difficulté : les joies et les difficultés, le fait de se sentir impuissant face à certaines décisions politiques ; le fait qu’ils pouvaient dire, presque à chaque coin de rue, le nom, le prénom et l’histoire personnelle des sans domiciles que nous avons croisé. Cette garde fut un moment pour se rendre compte que les médecins, nous plus tard, auront un rôle à jouer auprès des personnes de la société en difficulté ; et cela commence dès maintenant par un regard différent aux urgences quand, sur l’observation de l’IAO, on voit « Mr X, SDF, consulte pour… »